25 septembre 2005

comprenons le miroir allemand

Force est de constater que les élections législatives anticipées, organisées en Allemagne le 18 septembre dernier, ne peuvent nous laisser indifférents.

Avec une forte participation de près de 78% des 61,2 millions d’électeurs inscrits, les résultats de ce scrutin, comme chacun le sait, n’ont pas dégagé de majorité claire.[1] Ils entraînent, en conséquence, une période d’incertitudes pour la première économie du continent. Ces résultats sont néanmoins riches d’enseignements pour notre pays mais également pour notre capitale. On peut tenter d’en esquisser quelques uns...

1 – L’Europe en construction, pour laquelle je milite depuis toujours avec conviction et détermination, ne ressort pas renforcée –loin s’en faut- de ce scrutin. La force d’initiative du couple fondateur franco-allemand, noyau dur nécessaire et souhaitable de l’Union -déjà fragilisée depuis quelques mois par les résultats du référendum français sur la ratification du traité portant une constitution pour l’Europe- est aujourd’hui atone. La perspective d’un calendrier électoral tendu en France ne constitue pas non plus un élément favorable. L’attentisme du couple franco-allemand risque ainsi de perdurer jusqu’en 2007, alors que le monde et ses défis ne cessent d’évoluer.

2 – Pour les institutions françaises et leur évolution, il est nécessaire de prendre conscience des lacunes du système constitutionnel et électoral allemand, mises en lumière par ce scrutin, afin de se garder de les importer. Tout d’abord, ces élections n’ont été rendues possibles que par un artifice de procédure peu souhaitable pour la démocratie. En effet, afin que le Président fédéral prononce la dissolution du Bundestag, le chancelier Schröder a été contraint de demander aux députés de sa majorité de lui refuser la confiance lors d’un vote au parlement le 1er juillet. Car seule une crise politique, fût-elle factice, autorise constitutionnellement une dissolution du Bundestag allemand.

Ensuite, le système fédéral a conduit, en l’espèce, à un scrutin confus à un tour...et à deux bulletins. L’un pour élire directement le député à la majorité simple ou relative dans le cadre de la circonscription, l’autre pour élire indirectement un député à la proportionnelle intégrale par le choix d’une liste établie par les partis politiques.

Enfin, si le mode de scrutin proportionnel permet une représentation au plus juste des courants politiques du pays, il montre également la fragilité des tendances qu’il dessine et se révèle incapable de dégager une majorité claire et stable. Dans ce cas, le gouvernement qui en résulte ne représente pas le choix des citoyens mais celui des partis politiques. Cela pose un vrai problème de légitimité démocratique.

3 – Pour l’opposition nationale et la majorité municipale

La forte poussée de l’extrême gauche, passant en trois ans de 2 à 54 députés souligne la défiance des populations envers une classe politique traditionnelle n’arrivant pas à appréhender correctement et à résoudre les difficultés quotidiennes des citoyens. Toutes choses égales par ailleurs, cette situation n’est pas sans rappeler la réalité française.
Par ailleurs, il faut également souligner le courage d’un chancelier socialiste ayant lancé quelques vraies réformes et refusant les soutiens électoraux de l’extrême gauche et des communistes....Certains socialistes, notamment à Paris, devraient bien s’en inspirer...

4 – Pour la majorité nationale et l’opposition municipale

Quelques éléments clairs résultent de ce scrutin, dont nous ferions bien d’avoir conscience pour les prochaines échéances électorales. Comme le souligne notre président national André Rossinot, Angela Merkel a donné « une image presque caricaturale du libéralisme ...image d’une société que l’on veut moins solidaire, moins à l’écoute des plus défavorisés ». Les électeurs allemands ne se sont pas reconnus dans ce projet de société, éloigné des valeurs d’humanisme et de solidarisme défendues par le Parti Radical. Il faut en conséquence être capable d’élaborer un programme foncièrement ancré sur nos valeurs fondamentales, mais également ouvert à une forte capacité de rassemblement dans la réforme.
Quant à la popularité supposée de tel ou tel et notamment du Maire de Paris ......Pour paraphraser le député radical Jean Leonetti, premier vice-président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, il reste dix-neuf mois d’ici à la présidentielle et vingt-neuf mois d’ici aux municipales à Paris. En Allemagne, Angela Merkel a perdu 15 points dans l’opinion en dix-neuf jours.....

Comprenons le miroir allemand et transposons cette démarche dans la reconquête de notre cité.



[1] Majorité sortante : SPD : 222 sièges ; Verts 51 sièges. (majorité dissidente: 54 sièges (+52 sièges)
Opposition sortante : CDU : 179 sièges, CSU : 46 sièges, FDP : 61 sièges (+14 sièges)