06 novembre 2005

Assez !

Dix nuits de guérilla urbaine auront au moins montré à quel point les maux de la société française dans certains quartiers urbains sont profonds et les repères d’une jeunesse désemparée fortement désaxés.

Quelles que soient les raisons, comment accepter la mort gratuite de pères de famille ou d’adolescents ? Comment accepter l’atteinte à l’intégrité physique de tant d’autres ? Comment accepter de transposer au sein de notre démocratie des scènes télévisées en Irak et dans le conflit israelo-palestinien ?

Il devient urgent de réagir et d’agir.

Sur chaque parcelle du territoire, notre République laïque doit être de nouveau respectée.

Naturellement le retour à l’ordre public est un préalable indispensable. Nul ne peut en conscience le contester. Les forces de police qui font un travail difficile au quotidien doivent être convaincues du soutien de la nation toute entière dans cette épreuve. En outre, la justice doit être implacable. A cet égard, elle dispose d’un arsenal législatif (comparutions immédiates, peines de prison ferme, travaux d’intérêt général,…) qu’elle doit appliquer, au nom du peuple français, avec fermeté et justesse. L’heure n’est pas aux polémiques de bas étages et aux petits calculs politiciens.

Ce retour à l’ordre ne peut néanmoins se suffire à lui-même.

Tout d’abord la sécurité doit s’établir de manière pérenne dans les quartiers urbains concernés. Sans ce préalable, aucun développement économique sérieux n’est envisageable dans ces zones.

Chacun doit en outre prendre conscience de son rôle, à commencer par les familles. Le référentiel de la vie en société que l’évolution de la précarité a réduit à peau de chagrin doit être reconquis. C’est le travail régalien de l’Etat, par l’école et les autres services publics mais c’est également la responsabilité des entreprises, des associations et naturellement des familles.

N’en déplaise à certains, la France est une démocratie pluraliste, humaniste et laïque où les habitants qui y résident disposent de droits mais sont également soumis à des devoirs. C’est l’équilibre entre les deux qui permet la cohésion de toute société libre.

Ces émeutes vont, chacun le sait, fragiliser l’économie des quartiers, amplifier la précarité de ses habitants et …renforcer la popularité du Front national dans les villes et les campagnes.

En effet, alliés objectifs des extrêmes politiques, les meneurs de ces troubles -dont certains se sont à juste titre sentis attaqués dans leurs activités illégales par la politique gouvernementale- sont les véritables acteurs de la casse sociale et de la casse républicaine. Ils sont les facilitateurs de l'accession au pouvoir du Front national en 2007!

Tout cela est inacceptable.

Dans ces quartiers en particulier, il faut en conséquence au plus tôt sécuriser, renouer le dialogue, aider les habitants à retrouver les références sociétales et permettre ainsi à chacun de vivre avec dignité dans son environnement.

Et puis, une fois ces émeutes passées, soyons pour une fois anglo-saxon dans notre comportement ! Regardons le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide ! Positivons les banlieues. Montrons les réussites liées au travail et à la création. Donnons à notre jeunesse d’autres références que celles des petits caïds, dealers sans culture et sans morale, affichant avec provocation leurs signes extérieurs d’une richesse acquise en violation de la règle commune.

C’est à ce prix que la confiance, élément fondateur du développement, s’enracinera pour le bien de tous, à commencer par les plus faibles d’aujourd’hui.


Philippe Péjo